Diagnostic stratégique des legaltechs
Au cours des dernières années, la pratique du métier d’avocat a grandement évolué sur une multitude de thématiques comme la réglementation, la formation ou encore les attentes de la clientèle.
Alors que les fonctions de l’avocat tendent à se démocratiser auprès d’un public toujours plus large, l’émergence des outils digitaux et de la pensée entrepreneuriale est actuellement les deux principaux facteurs influençant fortement la profession.
Encore fortement réglementé et encadré en France, le marché des avocats est devenu l’un des secteurs où la tension concurrentielle gagne en intensité chaque année. Cette mutation digitale a vu naître de nouvelles structures d’entreprises, nommées LegalTechs, qui ont pour mission principale d’accompagner les professionnels du droit dans une conduite au changement numérique de leurs fonctions.
Dans ce marché des legaltechs, nous pouvons dénombrer plus de 160 start-up en France. Avec l’émergence de nombreux nouveaux entrants, les entreprises historiques doivent impérativement repenser leur fonctionnement et gagner en flexibilité afin de répondre toujours mieux aux attentes de sa clientèle…
Sommaire :
- Approche macro-économique du marché des legaltechs
- Approche micro-économique du marché des legaltechs
1. Approche macro-économique du marché des legaltechs
Pour appréhender au mieux le marché des legaltechs, nous utiliserons dans un premier temps le modèle PESTEL afin d’analyser les grandes tendances structurelles des multiples facteurs pouvant interagir avec l’environnement macro-économique de l’entreprise. Cet outil nous permettra également de caractériser le marché des legaltechs et d’en mesurer son potentiel pour les années à venir.
1.1. Environnement politique
L’analyse de l’environnement politique conduit à l’étude de différents facteurs par exemple : la stabilité politique du pays, la politique monétaire et fiscale qui est exercée, ou même la politique européenne poursuivit par le pays.
Afin d’apporter un regard cohérent avec la situation actuelle de la stabilité politique de la France et sa position prévisionnelle à court terme, l’étude documentaire de cette partie est orientée autour du programme de stabilité (PSTAB) et du programme national de réforme (PNR). Le PSTAB présente le cadrage économique et financier retenu par le Gouvernement tandis que le PNR présente la stratégie économique de réforme mise en œuvre par le Gouvernement.
Premier indicateur pour étudier la stabilité politique de notre pays : la santé financière de ce dernier. Ainsi, nous pouvons constater que la France connaît un retour sous le seuil de 3% du déficit en 2017. Ce même déficit a également reculé au cours de l’année 2018, s’établissant à hauteur de 2,5% du PIB. Cette amélioration concrète du déficit est le fruit du redressement des comptes publics et le respect, par le Gouvernement, à ses engagements envers les différentes institutions européennes.
Second indicateur : la politique monétaire de la France. Selon les derniers rapports publiés par la Banque de France, la politique monétaire poursuivit par la France (depuis l’introduction de l’Euro pour les particuliers en 2002), représente un véritable atout de performance pour la France en contrôlant l’inflation des prix au bénéfice du pouvoir d’achat des particuliers.
Grâce à l’Euro, la France préserve l’épargne des particuliers, favorise la croissance et l’emploi. La stabilité de ces différents facteurs représente un signe de prospérité pour la France, résultat de la politique monétaire engagé par le pays en complément d’une monnaie stable comme l’Euro. Ces résultats permettent également de consolider la confiance des différents acteurs de l’environnement économique, favorisant ainsi les investissements et la création de valeur ajoutée au sein du territoire.
Concernant la politique européenne poursuivie par le Gouvernement français, les dernières actualités à ce sujet laissent présager un certain ralentissement dans l’entente des différents pays membres. À ce titre, la coalition franco-allemande connaît des tensions sur la délibération de certaines mesures comme l’éventuelle suppression du siège européen basé à Strasbourg. Parallèlement, le récent remaniement des conditions du Brexit mène également l’émergence d’une instabilité sur les marchés financiers et politiques. De surcroît, l’incertitude autour des futurs résultats des prochaines élections européennes ne facilite en rien l’avènement d’une véritable stabilité favorable aux échanges économiques.
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Sur ce plan, les legaltechs bénéficient d’un environnement politique favorable à leur développement. La croissante digitalisation de notre société, favorisée par la politique de l’actuel gouvernement, est un facteur clé favorable au développement des sociétés spécialisées dans le milieu digital.
1.2. Environnement économique
Sur le plan économique, l’étude se mène autour de quatre indicateurs clés : la croissance globale du pays, les taux d’intérêts, d’inflation et de pouvoir d’achat.
D’après les dernières publications de l’INSEE, la croissance économique a été sensiblement plus forte que prévu pour la France avec une augmentation de +1,7 % (initialement statué à +1,5 %). Malgré cette révision à la hausse, le chiffre du déficit public pour l’année 2018 reste à 2,5 % du produit intérieur brut.
Dans le domaine d’activité des legaltechs, la croissance économique évolue positivement avec un investissement estimé à 12 millions d’euros pour l’année 2017. Malgré des investissements records en 2018 avec, par exemple, la levée de plus de 10 millions d’euros pour la plateforme web www.doctrine.fr, les investisseurs restent majoritairement peu enclins à investir davantage sur un marché en apparence limitée dans ses possibilités de développement et de diversification.
Concernant les taux d’intérêt, le dernier rapport de l’INSEE confirme également une stabilisation concrète de ces derniers avec une légère baisse s’établissant à 0,78% pour les taux d’intérêt à long terme, face à une moyenne européenne de 1,27%. D’après Mario Draghi, Président de la Banque Centrale européenne, le taux d’intérêt en Europe devrait continuer à ce normaliser au cours des prochaines années : « en raison de la persistance des incertitudes liées aux facteurs géopolitiques, de la menace protectionniste, des vulnérabilités sur les marchés émergents et de la volatilité des marchés financiers ».
À défaut d’une augmentation pour les taux d’intérêt, le taux d’inflation connaît également une sensible baisse, passant de 1,59% pour l’année 2018 à 1,23% en moyenne pour l’année 2019. Cette faible inflation apporte donc une contrainte supplémentaire aux entreprises hésitantes à investir et à embaucher. A contrario, le pouvoir d’achat des Français a augmenté de +1,2% au cours de l’année 2018 et devrait atteindre les +1,8 % selon l’INSEE. Cette augmentation est cependant nuancée par une baisse du taux de chômage qui atteint les 8,7% pour ce début d’année 2019.
In fine, la facette économique se résume par une évolution en demi-teinte malgré un regain de dynamisme au cours du premier semestre de l’année 2019. Dernièrement, la France a même intégré officiellement le top 5 des pays les plus attrayants pour les investissements étrangers, selon le cabinet américain A.T. Kearney. Le pays gagnerait ainsi bien plus en attractivité, dépassant la Chine pour l’année 2019, grâce notamment à ses investissements dans les domaines technologiques.
À l’instar de l’environnement économique sur le plan national, celui des avocats génère également des résultats encourageants : le marché connaît une augmentation de +18% d’offres d’emplois entre 2017 et 2018. Les entreprises privées recrutent également toujours plus d’avocats, laissant même dessiner une certaine pénurie de « main d’oeuvre » en 2018. Les salaires ont également augmenté de +2,4% au cours de l’année 2018, augmentation pouvant être liée à la complexification des missions confiées aux avocats. Le métier n’échappe pas à l’émergence des nouvelles technologies dans leurs missions, créant un nouveau domaine de compétence spécifique pour les avocats.
Dans les faits, nous pouvons espérer une évolution positive de la situation économique de la France et du marché des avocats, leur situation étant favorable au développement d’opportunités pour les entreprises, les investisseurs et les acteurs. Une récente parution d’Anne Moreau dans la chronique de l’HEDEC, vient appuyer l’évolution positive attendue pour le marché des legaltechs : « Le marché de la LegalTech en France est jeune, il semble très prometteur et n’en est qu’à ces débuts […]».
1.3. Environnement sociologique
L’analyse de l’environnement sociologique d’un marché se réalise autour de deux principaux attraits : les modes et les tendances de vie des consommateurs. Sous cet aspect globale, l’analyse peut également porter sur le niveau d’éducation, de santé et même prendre en compte les styles de vie. Ces différents points peuvent impacter directement la commercialisation des produits et des solutions de service des entreprises du droit.
Dans les faits, la France peut se targuer de détenir un taux de pauvreté relativement bas comparé à de nombreux pays membres de l’Union européenne. Face à une moyenne européenne établie à 17,2% en 2015, la France se positionne sixième dans le classement avec un taux de pauvreté égal à 13,8% d’après l’INSEE. Au cours de la même année, le niveau de vie annuel moyen des Français est estimé à 23 440 € (soit 1 953 € par mois) en France métropolitaine, lorsque plus de la moitié de la population perçois un peu moins de 1 692 € par mois. L’inégalité de la répartition des revenus est d’autant plus intense en France entre les catégories socioprofessionnelles : les ouvriers détiennent un taux de pauvreté estimé à 15,3% alors que les cadres et les professions intellectuelles supérieures détiennent un taux de pauvreté estimé à 3,1% selon l’INSEE.
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Selon les dernières statistiques du Ministère de la Justice, au 1er janvier 2018 les avocats étaient près de 66 958 sur l’ensemble du territoire national. Plus de 28 145 avocats sont rattachés au barreau de Paris, soit près de 42% de l’effectif total. La profession connaît une féminisation croissante avec 55,6% de femmes en 2018.
En 2018, près de 36% des avocats exerçaient à titre individuel, 30% étaient des collaborateurs et 30% exerçaient en qualité d’associé. Enfin, 4,4% étaient des avocats salariés. Au nombre de 9 337 en 2018, les groupements d’exercice connaissent une forte croissance. Ces derniers sont principalement composés à 54% par le statut de SELARL et SELEURL, suivi des SCP pour 23% et les associations d’avocats pour 13%. Ces groupements connaissent également l’émergence d’une pluri-professionnalisation estimé à 0,6% de l’ensemble des sociétés, une part extrêmement faible actuellement.
A contrario, les mentions de spécialisation connaissent un regain d’intérêt par les avocats avec près de 8 266 mentions au 1er janvier 2018. Plus de 50% de ces dernières portaient principalement sur 5 grandes thématiques : le droit du travail (18%), le droit fiscal et douanier (11,3%), le droit des sociétés (9,4%), le droit de la sécurité sociale (8,8%) et le droit de la famille et des personnes (8,5%). Il est à noter que le droit numérique ne connaît encore que trop peu d’engouement.
Enfin, l’internationalisation de la profession est toujours de mise avec plus de 2 333 avocats étrangers inscrits à un barreau français (dont 1 800 inscrit au barreau de Paris uniquement). Ces derniers proviennent de l’Union européenne pour 49,4% (Allemagne et Royaume-Uni en tête avec 9% chacun), d’Afrique pour 28,5% et d’Amérique du Nord pour 8%. À l’inverse, 2 731 avocats français étaient également inscrits à un barreau étranger, 94% d’entre eux sont inscrits au barreau de Paris.
Globalement, le profil sociologique de l’avocat est riche en diversité sur différents points, traçant les contours d’un profil exigeant et riche en opportunité de développement pour les entreprises fondatrices de la legaltech. Avec une forte concentration au barreau de Paris, la fonction connaît un développement remarquable sur la capitale. L’internationalisation de l’activité et sa croissante spécialisation, permet de faire apparaître de nouvelles tendances de consommations, de nouveaux besoins numériques.
1.4. Environnement technologique
In globo, l’environnement technologique de la France est sous l’impulsion d’une croissance positive. En effet, la dernière édition du Bloomberg Innovation Index classe la France 9ème dans son top 10 des pays les plus innovants en 2018. Le classement est ainsi réalisé sur différents points comme le dynamisme du secteur tertiaire ou encore le nombre d’entreprises dans le secteur des nouvelles technologies.
Malgré des investissements privés relativement stables depuis 2006, les entreprises investissant dans l’environnement technologique ne représentent que 5% de la production totale française en 2015. A contrario, l’évolution du nombre de start- ups dans le secteur des legaltechs, connaît une évolution positive en passant de 7 start-ups en 2012 à 166 en 2018. À elles seules, les start-ups représentent déjà près de 65% des acteurs de la legaltech en France6. Les évolutions technologiques développées ciblent majoritairement les avocats pour près de 61%, créant une tension concurrentielle forte dans ce domaine d’activité.
Le coeur de métier des legaltechs étant centré sur le développement technologique, leur croissance sur le marché est donc un indicateur de choix. Si les données concernant le chiffre d’affaires de ces sociétés sont quasi inexistantes, les levées de fonds obtenus sont cependant mises en avant une nouvelle fois. Avec près de 24,6 Millions d’euros en 2018, les legaltechs gagnant en confiance auprès des investisseurs et des business angels (pour les start-ups).
Cependant, une récente étude met également en lumière une véritable difficulté à se développer continuellement. Plus de 33,3% d’entre elles déclarent être faire face à de nombreux freins réglementaires, notamment dus par une non-reconnaissance par l’administration française et un périmètre de profession encore strictement réglementée. À terme, l’analyse de l’environnement technologique fait émerger un frein à son développement : l’asynchronisme de l’administration française et de son cadre légal.
1.5. Environnement écologique
L’étude de l’environnement écologique d’une entreprise porte principalement sur l’analyse de facteurs comme : la météorologie, les énergies renouvelables ou encore la réglementation régissant ce domaine.
Si cette thématique gagne en popularité de nos jours, elle doit cependant faire face à une réticence des politiques à investir pleinement le sujet. Les récentes mobilisations en faveur du climat nous permettent d’envisager une augmentation des actions entreprises par les différents gouvernements européens.
Également en lien avec les tendances sociologiques, l’écologie trouve sa place au sein des entreprises avec, par exemple, le télé-travail ou « travailleurs détachés ». Sur ce point, les entreprises de la legaltech se positionnent également sur cette tendance puisqu’elles apportent des solutions permettant de gagner en mobilité. Avec une multiplication du nombre de sous-domaines d’activités, les legaltechs sont principalement orientées sur des typologies communes : dématérialisation des processus ; simplification de la mise en relation ou de l’accès à l’information ; outils de gestions permettant d’économiser, externaliser et/ou de gagner en mobilité. Le détachement du travail peut ainsi se faire grâce à des outils technologiques innovants, facilitant la mise en relation et l’échange d’informations.
À ce jour, les technologies développées sont nombreuses : big data, intelligence artificielle, blockchain… autant de nouvelles technologies permettant de faciliter la transition de la société vers un modèle « écologiquement mieux conçu ». Les entreprises de la legaltechs sont comme tout un chacun, des acteurs indirects participant au développement d’une pensée écologique grâce aux solutions de services qu’elles commercialisent.
In fine, l’environnement écologique se présente donc comme un facteur facilitateur de business, puisque favorisant une pensée positive à l’égard des entreprises spécialisées dans les nouvelles technologies. Les avocats n’échappent à cette tendance puisqu’historiquement, leur fonction est basée sur une utilisation intensive du papier dans leurs échanges et leurs fonctions.
1.6. Environnement légal
Pour l’environnement légal, l’analyse s’oriente principalement autour des normes et des brevets déposés, mais également autour du droit dans sa globalité.
Comme mentionné précédemment, le nombre de start-ups dans le domaine des legaltechs est en constante évolution au cours de ces 6 dernières années. Ces entreprises ont activement recours au dépôt de brevets, afin de protéger leurs algorithmes, leurs solutions de service, leur marque… Sur le plan national, la France a cependant enregistré une légère baisse au niveau du nombre de brevets déposés annuellement. Avec une baisse de -2,8% au cours de l’année 2018, la France reste tout de même parmi les plus actifs avec une 2ème place au niveau européen (pays membres de l’OEB) et une 4ème place au niveau mondial.
Au niveau national, les principales entreprises faisant appel aux brevets sont PSA, CEA et Safran, avec plus de 1000 brevets déposés au cours de l’année 2018. Si aucune entreprise appartenant au secteur des legaltechs n’est mentionnée par l’INPI, l’analyse des dépôts de brevets peut être faite autrement : en effet, de nombreuses start-ups de la legaltech proposent des services pour faciliter le dépôt de brevets auprès de l’INPI. Le secteur fait donc preuve d’une véritable adaptabilité aux tendances inhérentes à ses différents champs d’activités possibles.
Autre aspect inhérent aux legaltechs, leur développement croissant ne rentre pas en concurrence directe avec les acteurs historiques du marché du droit : les différents métiers étant fortement réglementés, les professionnels ne peuvent craindre l’ubérisation de leurs fonctions.
Concernant le droit du travail, l’année 2018 a connu quelques changements concernant les offres de reclassements et les plans de départs volontaires. Les réformes ont également porté sur la fusion des instances représentatives du personnel, permettant de réduire substantiellement les membres représentatifs mais tout en augmentant le nombre d’heures alloué à son exercice. Autre réforme, la mise en place du référendum d’entreprises au sein des TPE et PME, pour permettre de simplifier les rapports et les dialogues sociaux au sein des entreprises. Plus de souplesse pour une meilleure adaptation des entreprises à leur environnement et à leurs performances actuelles.
1.7. Étude analytique du marché des legaltechs
Pour donner suite à l’analyse de l’environnement externe des legaltechs, il est intéressant de se porter sur des données chiffrées quantifiables. Afin de mieux caractériser ce marché, nous allons à présent en analyser les tendances et son évolution dans sa globalité.
La mission première des legaltechs est de simplifier l’accès aux services juridiques de tous types. Pour les particuliers, plus de 80% d’entre eux utilisent les services des legaltechs afin d’obtenir des informations juridiques et 25% d’entre eux l’utilisent également afin de créer leur entreprise. Du côté des professionnels, 25% d’entre eux s’en servent pour protéger leurs créations, 18% pour gérer leur entreprise au quotidien et 15% d’entre eux souhaitent recouvrer leurs créances. Si les besoins sont multiples, un indicateur ne trompe pour constater l’évolution du marché : plus de 40% des démarches juridiques sont réalisées en ligne. Cette demande rencontre ainsi un marché composé de plus de 166 entreprises spécialisées dans le domaine.
Ces mêmes entreprises permettent de générer une augmentation nette de +30% dans le poids économique du marché du droit en France. Passant de 23,9 Milliards d’euros en 2012 à 31,1 Milliards d’euros en 2018, la génération de valeur des legaltechs se constate même sur la sphère digitale : le marché du droit a atteint un taux de digitalisation de 40% en 2018. Ces données nous permettent de constater la rapide évolution du marché et de prédire un développement positif pour les années à venir.
Concernant la branche professionnelle des avocats, le métier n’est pas en reste et a déjà officialisé la création d’incubateurs comme celui créé au barreau de Paris en 2014. La mission de l’IBP (Incubateur du Barreau de Paris) est de soutenir l’innovation technologique dans la sphère du droit. Composés de professionnels, ils accompagnent le développement des start-ups de la legaltech et créer une véritable communauté pour échanger les dernières actualités et innovations à l’ensemble des avocats français. Forte de son succès, le modèle a été également mis en place au sein d’autres barreaux comme Lyon, Marseille, Bordeaux et Montpellier.
1.8. Synthèse de l’environnement PESTEL
Conclusion, l’environnement externe des legaltechs est plus que propice au développement de ce domaine d’activité stratégique. La majeure partie des composantes sont au vert : l’aspect politique gagne en stabilité et se montre favorable au développement des nouvelles technologies. L’économie n’est pas en reste avec une croissance positive des marchés : les levées de fonds augmentent, le marché de l’emploi connaît une augmentation de +18% pour les avocats et les particuliers voient leur pouvoir d’achat augmenter de +1,2 point en 2018.
Le métier des avocats plus précisément connaît une diversification croissance. Avec une forte concentration sur la capitale française, les avocats participent activement à la digitalisation de leur métier via la création d’incubateurs. Véritable lieu de rencontre et d’échange, ces derniers ont pour mission de déceler les évolutions nécessaires de leurs fonctions à court et moyen terme.
Parallèlement, la France trouve sa place sur le podium des pays les plus innovants d’Europe malgré une légère baisse du nombre de brevets déposés à l’INPI (critère de notation pour l’innovation). Concernant l’aspect légal, les legaltechs investissent pleinement le domaine avec une création continue de start-ups spécialisées : le marché génère ainsi +30% chiffre d’affaires au cours de l’année 2018, laissant prévoir des résultats supérieurs pour les années à venir.
Le marché connaît ainsi une belle croissance, mais il doit cependant faire face à un point négatif et pas des moindres : les métiers du droit sont relativement verrouillés et encadrés par l’administration. Alors que le métier est déjà principalement dépendant de supports tangibles (utilisation intensive du papier), les legaltechs et leurs solutions de mobilité, de dématérialisation doivent ainsi se confronter à un marché naissant dans la sphère digitale, déjà en forte évolution. Cet asynchronisme représente ainsi un frein à l’innovation pour les sociétés, mais également pour les utilisateurs finaux.
2. Approche micro-économique du marché des legaltechs
L’approche micro-économique suggère une étude approfondie des relations et du comportement des différents acteurs composant un marché. Cette modélisation permet ainsi de caractériser les tendances des agents économiques et du marché où se rencontre l’offre et la demande. Pour développer cette approche, nous utiliserons le modèle des 5 forces de Michael Porter, concept clé du management stratégique. Nous compléterons cette approche avec une 6ème force qui a tout son intérêt pour le marché des legaltechs : le pouvoir d’influence des pouvoirs publics sur le marché des professionnels du droit.
2.1. Nouveaux entrants (3/5)
L’analyse des nouveaux entrants est principalement représentée par les start-ups qui sont en constante évolution. Le risque principal représenté par ces dernières est qu’elles peuvent facilement s’accaparer une partie du marché grâce à des financements et des levées de fonds toujours plus importantes. Leur développement pèse principalement sur l’équilibre des autres forces puisque ces dernières sont susceptibles de créer une guerre des prix avec les concurrents déjà présents sur le marché. Face à leur croissance folle, les nouveaux entrants représentent un risque indéniable : ils ont la capacité à évoluer rapidement et à mobiliser les outils digitaux pour ce même développement. Leur structure et leurs méthodes de travail sont également pensées en ce sens : les méthodes agiles permettent d’adapter l’offre aux attentes de la clientèle de façon pro-active. Leur réactivité et leur récence sur le marché en font des acteurs à risque pour les acteurs « aguerris » du marché des legaltechs.
Les domaines d’intervention des start-ups apportent cependant du renouveau au marché. Ces dernières se spécialisent principalement dans la mise en relation entre justiciables et professionnels du droit ; dans la rédaction d’actes de droit (création d’entreprise, mise en demeure…) et l’accès à l’information. Jusqu’à présent, ce type de service digital était en retrait et peu sollicité par les clients potentiels. A contrario, les nouvelles générations solliciteront ces plateformes.
2.2. Concurrents (4/5)
La concurrence présente sur le marché des legaltechs est en plein chamboulement : l’arrivée croissante des start-ups, l’évolution du comportement des consommateurs… des facteurs influençant directement la pérennité des acteurs déjà présents sur le marché.
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2.3. Fournisseurs (2/5)
Les fournisseurs sont difficilement représentatifs sur notre marché. En effet, les legaltechs s’apparentent intrinsèquement aux fournisseurs de solutions de services pour les professionnels du droit et leur clientèle indirectement.
Pour ces entreprises, l’analyse peut donc se porter sur les ressources nécessaires à leur développement comme : les infrastructures technologiques dont elles ont besoin, la main d’oeuvre pour le développement informatique, mais aussi pour la recherche d’innovations. C’est sur ce même critère que les sociétés vont ainsi pouvoir générer de la création de valeur pour leur clientèle et gagner en parts de marché.
À l’inverse, pour les professionnels du droit, les fournisseurs peuvent également représenter les infrastructures technologiques nécessaires à l’utilisation des solutions de service que proposent les legaltechs. De facto, nous pouvons orienter notre étude autour des fournisseurs de matériels informatiques et les fournisseurs d’accès à Internet (les solutions de services s’orientant toujours plus sur du SAAS).
Sur le plan national, le marché du matériel informatique est en évolution de +2% sur l’année 2018 et devrait rester stable pour l’année 2019 selon l’étude XERFI. Les fabricants font preuve d’un fort pouvoir d’innovation en présentant de nombreuses nouveautés dans leurs derniers produits. Les rachats transverses entre sociétés sont également en augmentation au même titre que les géants américains comme Apple et HP, les fabricants chinois consolident leur position dominante par des fusions et rachats de sociétés (comme Lenovo et Fujitsu). Si le marché connaît un ralentissement de ses ventes auprès des particuliers, les professionnels continueront leurs investissements massifs dans les NTIC au cours de l’année 2019. Sur le marché du B2B, Lenovo et HP détiennent à eux deux près de la moitié du marché, avec respectivement, 23,6% et 21,8% des parts de marchés au cours de l’année 2018. Ces derniers investissent également dans les futures tendances innovationnelles comme le deep learning, l’intelligence artificielle ou encore la biometric.
2.4. Clients (5/5)
Les clients peuvent représenter un risque pour les entreprises à partir du moment où le pouvoir de négociation qu’ils s’octroient augmente. Ce pouvoir de négociation peut ainsi mener vers une baisse de la tarification pratiquée par les legaltechs et réduire leur rentabilité à court terme.
Globalement, les professions du droit ont connu une augmentation de leur chiffre d’affaires de +3% au cours de l’année 2018 et devraient encore augmenter de +2% en 2019. Si les avocats représentent près de 58% des professionnels du droit et de son chiffre d’affaires, ils devront cependant faire face à une tension concurrentielle plus intense pour 2019. Nous pouvons donc constater une augmentation des fusions inter-cabinets afin de gagner en solidité sur un marché où les professionnels ont du mal à se différencier et à maintenir une gamme de prix optimale sur des tâches à faible valeur ajoutée. Via leur regroupement sous forme de société pluri-professionnelles d’exercice, les cabinets d’avocats peuvent mutualiser leurs charges.
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Malgré cette situation mitigée, la majeure partie des données recueillies et estimées par l’organisme XERFI, nous laisse entrevoir une évolution du pouvoir de négociation de la clientèle des legaltechs et des avocats. Cette appréciation nous permet donc d’établir une intensité maximum de 5/5 pour les clients.
2.5. Produits de substitutions (3/5)
Les produits de substitution peuvent être rattachés directement aux nouveaux entrants du marché des legaltechs. Ces derniers se positionnent justement sur l’innovation pour se développer et gagner des parts de marché, en offrant des solutions de service ayant une valeur ajoutée supérieure à celle de la concurrence existante. C’est par leur innovation que les start-ups acquièrent leur objectif : développer une véritable société ou être intégrés par un acteur plus important.
La substitution peut ainsi émerger par des acteurs très différents : les innovations qui sont rachetées peuvent être intégrés dans des ensembles de solutions de service et permettre de conquérir davantage de parts de marché. Il est donc devenu vital pour les entreprises de réaliser une véritable veille afin de pouvoir investir au bon moment, sur les bonnes entreprises.
Cependant, malgré une bonne évolution du marché, ce dernier n’en est pas moins verrouillé par l’administration, bloquant la commercialisation de nouveaux produits de substitution. La faiblesse d’un marché peut ainsi devenir une opportunité pour une moindre partie de ses agents économiques, permettant d’évaluer à 3/5 l’influence des produits de substitution.
2.6. Pouvoirs publics (5/5)
Fortement impliqués dans le monde des professionnels du droit, les pouvoirs publics représentent un fort pouvoir d’influence puisque ces derniers agissent en tant que régulateur. Des pouvoirs publics dépendent les nouveautés technologiques qui peuvent être mobilisées par les professionnels du droit. De surcroît, les pouvoirs publics peuvent modifier le paysage des professionnels du droit via diverses réformes comme avec la loi Macron de 2015 (ouverture aux financements inter- cabinets, postulation nationale, l’accès à une activité juridique pour les experts comptables…). Ces réformes deviennent ainsi des variables à prendre en compte pour les acteurs de la legaltech.
De manière plus générale, les pouvoirs publics régissent intégralement les composantes économiques et légales du pays, pour l’ensemble des agents économiques. Son pouvoir d’influence fait donc partie des plus importants à juste titre.